Dans le numéro de mars 1949 de la revue "T.S.F. POUR TOUS", suite à une lettre d'un lecteur se plaignant du brouillage de Radio-Andorre, figurent les précisions suivantes:
Le brouillage est effectué sur 426 mètres ondes moyennes et 50,15 mètres ondes courtes. Sur ondes moyennes l'emetteur de brouillage d'une puissance de 20 kW est situé dans la région bordelaise. L'emetteur de brouillage produit des harmoniques sur 213 mètres, et meme sur ondes courtes, nettement audibles à Bordeaux. Le brouillage est si intense sur Bordeaux que la reception de Paris-Villebon et de Rome est devenue impossible. Sur ondes courtes, l'emetteur est situé dans le centre de la France.

RADIO ANDORRE SELON LE W.R.H.

Dans  le "World-Radio Handbook for listener", édition 1952 (publié en Novembre 1951) sous la rubrique Radio Andorra figurent les indications suivantes:
La station emet sur 824 kc/s (comme on disait à l'époque) soit 364,4 mètres avec 60 kW et sur 5980 kc/s soit 50,16 mètres avec 25 kW. Un troisième émetteur sur 9330 kc/s (25 kW) est mentionné comme étant inactif. La fréquence ondes moyennes de Radio Andorre avait changé en Mars 1950, suite à la mise en application du plan de Copenhague qui répartissait l'ensemble des stations européennes sur ondes moyennes. Le W.R.H. précise que Radio Andorra emet en francais et espagnol de 11h30 à 14h et de 18h à 24h.

L'HISTOIRE DE RADIO ANDORRE

Radio Andorre a été inaugurée le 7 aout 1939. Le 8 aout elle suspend ses émissions devant l'aggravation de la situation internationale. Le 3 avril 1940 à 22 heures, Radio Andorre recommence à emettre. Ses émissions devant cesser définitivement au cours des années 1980. Pendant la période 1940-1944 le rôle de Radio Andorre est très controversé. Les allemands l'accusent d'etre au service des alliés et les résistants d'être à la solde des nazis. A la libération, Radio Andorre étant la seule station périphérique échappant à tout controle de l'état francais, une longue lutte opposa le poste aux autorités francaises.
Dans un livre paru début 1953, Louis Noguères dresse l'acte d'accusation de Radio Andorre. En réponse à ce livre, Michel Bannel dans un ouvrage paru en février 1953 prend la défense de la station.

GUERRE FRANCO-ANDORRANNE

Le 2 mai 1948 Radio Andorre commence à etre brouillée par la France. Le 5 juillet 1948, l'état francais demande la saisie en douane des disques et autres matériels radiophoniques destinés à la station. De plus, le passage de la frontière est interdit au personnel francais de Radio Andorre.

PROTESTATIONS

Le 9 juin 1948 le Syndicat autonome de la Radiodiffusion francaise vote la motion suivante :
"... Informée que l'emetteur de 20 kW de Bordeaux-Néac est actuellement, et par ordre supérieur, utilisé pour brouiller les émissions de Radio-Andorre, marque sa désapprobation formelle de tels procédés qui sont indignes de la République et de la démocratie..."
Le 7 septembre 1948 ce sont des parlementaires qui s'élèvent contre le brouillage.
Le 30 septembre 1948 le brouillage contre Radio-Andorre cesse... pour reprendre le 26 novembre 1948.

PROCES ET JUGEMENT

Le 3 mars 1949 le juge des Référés de la Cour d'Appel de Paris ordonne la cessation du brouillage.
Le 7 avril 1949 le ministre de l'information monsieur Francois Mitterand "pour satisfaire au voeu de l'Assemblée" (JO du 8/4/49), met fin au brouillage.
Le conflit entre le gouvernement francais et Radio Andorre connaitra de nombreux autres rebondissements, entre autres, la création par la France, malgré l'opposition des autorités Andorranes, d'un poste concurrent Andorradio, devenu par la suite Sud-Radio.

SOURCES

Les ouvrages traitant de Radio Andorre sont nombreux. Citons:
- La radio aux frontières et la mission de l'Etat, de Louis Noguères (Chavane 1953). Il s'agit là du point de vue des autorités francaises concernant Radio-Andorre.
- Réponse à Louis Noguères  de Michel Bannel (S.G.P. 1953). C'est la réponse des défenseurs de Radio-Andorre à l'ouvrage précédent.
- Histoire de la radio en France de René Duval (Alain Moreau 1980)
- Radios privées Radios pirates de Frank Ténot (Denoel 1977)