Radio Andorre Reportage France 3 Sud - 2006 

 
 
 
France 3 Sud - 18 Fevrier 2006

Si Radio Andorre m'était contée

Un film de Jean Périssé


 
 

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Après Radio Luxembourg, Radio Andorre fut la 2ème station périphérique à voir le jour aux frontières de la France. Dans les années 30 les radios privées sont encore autorisées. Mais le très puissant propriétaire de la Radiophonie du Midi, Mr Jacques Trémoulet sent venir le danger du monopole d'état. Craignant l'interdiction prochaine de ses très populaires Radio Toulouse, Radio Montpellier, radio Bordeaux ou radio Agen, il cherche et trouve la solution de génie: Il créée radio Andorre....
Après un long bras de fer de 5 ans avec le gouvernement francais, Jacques Trémoulet déjoue toutes les tracasseries administratives et le 7 Aout 1939 inaugure très officiellement et ce en présence d'un ministre francais, la très mythique Radio Andorre.
A peine 21 jours plus tard, la 2ème guerre mondiale éclate. Radio Andorre interrompt ses programmes pour les reprendre très vite le 3 avril 1940.

Radio Andorre était neutre (comme l'était la Principauté) , ne passant que de la musique. Il n'y avait aucune information. De ce fait elle ne pouvait être que neutre. Grace à cette neutralité, Radio Andorre sera la seule radio francaise à emettre durant toute la 2eme guerre mondiale, sans controle ni de la France, ni de l'Allemagne.

A la libération, Radio Andorre est la seule station périphérique qui échappe à tout controle de l'état Francais. Dès lors ses ennuis vont commencer... Jacques Trémoulet le propriétaire est condamné à mort pour fait de collaboration. On lui reproche ses "liaisons dangereuses" afin de préserver ses autres stations, notamment radio Toulouse qui est fermée. Il sera finalement acquité en 1949.
 

2 Mai 1948, Radio Andorre commence à être brouillée par la France. Deux mois plus tard, l'état francais exige la saisie en douane des disques et autres matériels radiophoniques destinés à la station. De plus le passage de la frontière est interdit au personnel francais de Radio Andorre. Le syndicat autonome de la radiodiffusion francaise proteste. "Informé que l'emetteur de Bordeaux Néac est actuellement et par ordre supérieur utilisé pour brouiller les émissions de Radio Andorre, il marque sa désapprobation formelle à de tels procédés qui sont indignes de la république et de la démocratie."
Le 7 avril 1949, le ministre de l'information, Mr Francois Mitterrand, pour satisfaire aux voeux de l'assemblée, met fin au brouillage.
Dans un livre paru début 1953, Louis Noguères dresse l'acte d'accusation de Radio Andorre. Il s'agit là du point de vue des autorités francaises.
Dans son livre "Réponse à Louis Noguères", Michel Bannel contre attaque. Pour preuve de la neutralité de la station, il cite une déclaration "à la Pierre Dac" du directeur de l'époque. "Dans la crise que le monde traverse actuellement, nous ne voulons dire que la vérité. Et la vérité consiste à ne rien dire. C'est pour celà que nous ne donnerons aucune information mais seulement de la musique, premier langage universel. Nos auditeurs nous en seront reconnaissants".
La GueGuerre entre la gouvernement francais et radio Andorre ne fait que commancer. Elle connaitra de nombreux autres rebondissements, avec en point d'orgue la création par la France, dans les années 50, malgré l'opposition des autorités Andorrannes, d'un poste concurrent. Andorradio, rebaptisée Radio des Vallées, deviendra bientot Sud Radio. Il s'agit à l'origine, pour Vincent Auriol et l'état Francais de contrer Radio Andorre et à travers elle Jacques Trémoulet et ses amis de la Dépèche de Toulouse. 
Durant les années 60, Radio Andorre et Sud Radio se livrent une lutte acharnée. Course à la puissance, course à l'audience, course commerciale.  En 1968, pour la première fois, Radio Andorre est distancée par Sud Radio...
Victoria Zorzano dite "Mademoiselle Aqui", la voix de "Aqui Radio Andorra"  (entretien 1990) .

"J'avais beaucoup de visites, tout le monde me connaissait, voulait un autographe. J'ai même un vase de Sèvres qui m'a été offert par le Maréchal Pétain...  Il ne connaissait que ma voix.... Je recevais beaucoup de cadeaux..."

Juillet 1964 - Méchoui du Tour de France
Jean Louis Marquet, directeur technique à Radio Andorre pendant 21 ans
Benjamin Franck (de son vrai nom Benjamin Feurot), journaliste à Radio Andorre (à partir de 1978) puis à Sud Radio
Marie-Ange (Sud Radio)
"... lorsque je venais en France et que je disais que je travaillais à la radio en Andorre, on me disait "Aqui radio Andorra" et moi je disais pas dutout , c'est pas la même radio, nous c'est Sud Radio, c'est une radio francaise, on fait des programmes pour les jeunes etc.   Radio Andorre avait un jingle devenu mythique que nous n'avons jamais eu, on était vraiment très écoutés mais cette confusion était inévitable... Rien que le nom d'Andorre, ca y est c'était la confusion totale..."
Christiane Mailhos  (Radio Andorre)
"La programmation: De la musique, que de la musique, et une chose exceptionnelle à ce moment là puisque personne ne ne faisait et tout le monde le critiquait énormément, les annonces publicitaires. Il y avait d'ailleurs à Radio Andorre , du moins dans les années 60 quand j'y travaillais, des annonceurs exceptionnels. Par exemple Philips, Aspro, Astra, Renault, Antar, des magazines,  enormément de choses, vaiment."
Claude Ferran, ancien de Radio Andorre, puis de Sud radio.
" Sud Radio était, quand on était à Radio Andorre, la bête noire. C'est le petit jeune qui arrivait, venait marcher sur nos plate-bandes, et il arrivait avec le matériel que nous n'avions pas. Tout était neuf, l'antenne était de qualité..."
Josep Agell, technicien RTVA, ancien de Sud Radio.
"J'étais technicien du son à Sud Radio, Radio des Vallées, et donc c'est moi qui le soir travaillais à l'antenne de Sud Radio, et un beau soir donc on a eu la visite (on s'y attendait un peu) du Juge Andorran, il est arrivé au studio de Sud Radio et il nous a demandé de fermer, étant donné que le Conseil Général avait décidé de fermer Sud Radio."

Radio Andorre et Sud Radio ont définitivement cessé leur combat fratricide le 28 mars 1981 suite à la décision des autorités Andorranes ne ne pas renouveler la concession qu'elles leur avaient accordée 20 ans plus tôt.
"Ce serait un vagabon qui aurait provoqué accidentellement l'incendie avec un réchaud, le bâtiment était vide au moment du sinistre. Abandonné depuis une dizaine d'années il servait de refuge aux marginaux de passage.  Ce serait donc la thèse de l'accident qui est privilégiée par les enquêteurs, un incendie qui survient deux jours après l'innauguration de la nouvelle radio, située elle à Andorre La Vieille."

 

 
 
 

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